L’art et la manière – Cycle photographique

Trois expositions photographiques, questionnant chacune à leur manière la place de la technique dans la création.

Alors que la technique impose plus que jamais sa domination sur la nature et les corps, alors que l’optimisation du temps et des procédés fait figure de dogme contemporain, les artistes retournent les machines contre leur fonction initiale. A la manière du judoka qui s’appuie sur la force de son adversaire pour le faire chuter, l’artiste détourne ses outils pour mieux en révéler les failles, pour faire émerger le hasard et la sensibilité que les systèmes s’efforcent naturellement de gommer. L’art, en mobilisant la technique « dans un sens opposé que ne le fait la domination » nous permet d’entrevoir un nouveau rapport technique au monde, peut être moins productiviste, mois effréné, mois aliénant.

La photographie, irruption mortelle de “l’industrie” dans l’art selon Baudelaire, se prête particulièrement bien à l’exercice de détournement. C’est ce que proposent, selon des modalités bien différentes, les quatre artistes de ce cycle d’expositions : Edouard Ducos, Quentin Chevrier, Florence Cardenti et Julien Espagnon.


✽ Florence Cardenti et Julien Espagnon – « SISYPHE, un lendemain »

Le projet Sisyphe est un duo d’artistes débuté en juillet 2020. La collaboration entre Julien Espagnon et Florence Cardenti se distingue par l’interaction inédite entre deux pratiques artistiques, la photographie et l’art génératif. Deux disciplines dialoguent et trouvent dans l’échange et la transmission de savoir-faire, un terrain de création commun. De nombreux échanges sur les procédés et les techniques ont fait naître une envie de questionner la manière de produire et d’interroger le vaste champ des procédés artistiques, y trouver des filiations tout en envisageant de nouvelles évolutions en lien avec notre temps. Dans ce projet, les photographies des roches captent les phénomènes naturels. Les algorithmes, quant à eux, génèrent des images issues de purs concepts mathématiques. Entre réel et virtuel, les deux pratiques semblent opposées et finalement se croisent dans un juste équilibre.

➺ Vernissage le 31 Mars 2022
➺ Réservation gratuite en suivant ce lien


✽ Edouard Ducos – « Demander à l’aveugle de nous apprendre à voir »

Edouard Ducos s’est attaqué à l’appareil photo en tant que tel en modifiant le capteur de son boîtier. En remplaçant le filtre de lumière visible par un filtre hors du spectre discernable par l’œil humain, il produit des images en noir et blanc aux nuances imprévisibles. Au-delà de la révélation d’un monde spectral et dramatique, il replace l’objet technique ainsi détourné en outil d’apprentissage pour l’homme face à la nature. L’exposition s’accompagne d’une installation, qui permet au visiteur de « demander à l’aveugle de lui apprendre à voir », tout en se découvrant sous une nouvelle lumière.

➺ Vernissage le 18 Novembre 2021
➺ Réservation : https://www.eventbrite.fr/…/billets-edouard-ducos…


✽ Quentin Chevrier – « Troupes »

Avec sa série Troupes, Quentin Chevrier joue avec le point de vue, le temps et le geste pour révéler des spectacles vivants. Son appareil immobile sur un trépied, il capte pendant environ une heure (la durée d’un spectacle vivant) les gestes originaux des passants devant lui, sans jamais les commander ni les influencer. Puis, il sélectionne en post-production parmi des centaines de clichés les silhouettes et gestes les plus originaux, curieux, expressifs… sans jamais les déplacer dans l’image, mettant ainsi en relation des personnages et des temporalités décalés. Il compose alors un spectacle de rue donné par une Troupe de simples passants.

➺ Vernissage le 8 Janvier 2022

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